XI - Synthèses
> Les salons de 1951 à 1965
Durant cette époque, Kickert n’envoya d’œuvres qu’au salon d'Automne jusqu’en 1960, puis seulement au salon des Indépendants en 1963 et en 1965. Dans les catalogues figure le titre de l’œuvre présentée par lui. Ce titre est repris dans la presse spécialisée, sans commentaire. Nous en dirons un peu plus.
SALON D'AUTOMNE
1951
- Autoportrait, fait l’année même. Sur un panneau de format 81 x 65 cm, Kickert s’est peint dans une veste de velours vert, une écharpe blanche autour du cou. Expression sévère, comme sur beaucoup d’autoportraits. L’œuvre était une de celles que Jean Cassou, au début de l’année, avait retenue comme importante
(1) ;
- "
Ariadne"
(2). La jeune femme, abandonnée au bord rocheux de la mer, dans son désespoir, tord son corps nu. Une pose peu académique, où éclate la virtuosité du peintre comme la puissante féminité du modèle. Bien qu’il préférât jusque-là exposer des œuvres toutes récentes, il s’agit cette fois-ci (et souvent dans l’avenir), d’une toile datant de plusieurs années (cf. année 1944, antépénultième paragraphe).
1952
- "
Portrait d’une Hindoue"
(3). Cette dame n’était pas un modèle professionnel. Indépendamment du portrait, Kickert jugeait déjà intéressant le sari qu’elle avait revêtu pour poser ;
- "
Marine bretonne". Réplique en grand format d’une toile faite d’après nature à Loguivy.
1953- "
Ondine"
(4) ;
- "
Premières neiges dans le Cantal". Une réplique de la toile acquise par les Musées des Pays-Bas.
1954
- Aucune toile exposée, ni à ce salon d'Automne, ni ailleurs.
1955- "
Portrait de poète"
(5). Il s’agit de J. Greshoff que Kickert s’est plu à peindre lorsqu’il est venu en voyage à Paris. L’œuvre appartient au Musée littéraire de La Haye (Pays-Bas) ;
- "
Quiberon". Une jeune fille assise, vue de dos, minuscule, devant une mer immense et houleuse
(6).
1956- "
la Gageure"
(7). Un peintre assis devant un modèle nu, allongé, de très grande taille. On pourrait penser que Kickert exposant si peu, se rattrape par le format des œuvres.
1957
- "
L’Hommage à la beauté" dit aussi "
l'Hommage à la femme"
(8). Ici encore la composition est ancienne (1946) et de grand format (lire supra à son sujet : année 1946, antépénultième paragraphe). Le fait que le tableau regroupe cinq personnages dont un nu (et son double en peinture et en sculpture), que d’excellents élèves de Kickert y figurent, lui semblèrent des raisons supplémentaires pour l’exposer.
1958 - "
L’Inconnue"
(9). Une toile de 1946 qui avait fait partie du choix de Jean Cassou. Il s’agit, de plus, d’un portrait étonnant en raison du costume insolite : robe de chambre et turban sur la tête. C’est la troisième œuvre de 1946 qu’expose Kickert. Dans les deux précédentes, envoyées en 1956 et 1957, figuraient des élèves et des modèles. Or l'inconnue n’est autre que le modèle, cette fois-ci chaudement habillé, d’"
Eve de Montparnasse"
et d’"
Ariadne"
. En somme un rappel, peut-être nostalgique, de l’atelier de Conrad fréquenté par ces personnes douze ans auparavant ;
- "
Autoportrait"
(10). Peint l’année précédente. Kickert, en buste, vêtu d’un manteau gris à col de velours noir, une écharpe de soie jaune autour du cou. La main droite du modèle est superbement réaliste.
1959- Deux portraits, probablement de ses hôtes de Joigny.
1960- "
Intra muros"
(11). Un panneau, peint l’année même, qui représente des arbustes en fleurs, dans l’angle de deux murs fermant un jardin, d’après une étude faite à Chambors, près de Gisors, chez un ami. Il faut remonter à 1953 pour trouver un paysage dans l’envoi de Kickert au salon d'Automne ; encore s’agissait-il cette année-là d’une œuvre de 1945 faite en Auvergne. Entre temps, Kickert avait exposé un autoportrait, quatre portraits, deux compositions à plusieurs personnages (comportant un nu), une marine, mais jamais de nature morte.
1961 et 1962 - Conrad n’exposa nulle part. Il n’exposa jamais plus au salon d'Automne.
SALON DES INDEPENDANTS
1963- Retour de Kickert aux Indépendants avec une composition de 1962, "
le Divan rose" un tableau vertical, de près de deux mètres, où figurent un peintre et deux modèles : l’une allongée, l’autre à genoux, la tête appuyée sur le flanc de la première. Cette position, exagérément familière - et artificielle, car les trois modèles ont posé séparément et successivement, comme toujours pour une composition - ne réchauffe pas le tableau qui sent l’exercice d’école
(12).
1965- Kickert expose deux œuvres de 1964 :
- "
Nature morte"
(13). A gauche, un pot d’étain à couvercle, un chaudron de cuivre qu’on voit en transparence derrière un broc en verre ; à droite, une cruche en terre à deux anses et devant celle-ci, un plat de cuivre dans lequel sont posés quatre fruits. C’est la dernière nature morte qu’ait peinte Conrad ;
- "
Tulipes au nu"
(14) . Le nu allongé, le buste légèrement soulevé en appui sur des coussins, pose son coude gauche sur une couverture écarlate et tient dans la main gauche les tiges de trois tulipes dont les fleurs (jaune, violette et rouge) reposent sur la couverture. Le modèle, les yeux clos, médite. Il s’agit d’une "vanité" où les fleurs symbolisent le caractère périssable du corps humain, présenté ici dans son équilibre et son élégance du moment. Il ne faut pas majorer le caractère intuitif ou prophétique de cette œuvre, la dernière exposée par Conrad, trois mois avant sa mort, mais y reconnaître un thème qu’il a traité à plusieurs reprises dans le passé
(15), parce qu’il le jugeait fondamental et salutaire.
EXPOSITIONS DE GROUPE
Bien qu’il ne s’agisse pas de salons à proprement parler, signalons in fine quatre expositions de groupe auxquelles Kickert participa.
- Le X° salon du Groupe Contraste, abrité au Palais municipal des expositions de Lyon, du 28 décembre 1957 au 19 janvier 1958, présenta deux œuvres
(16) de Kickert dans une section bénéficiant du patronage de l’association des Artistes néerlandais en France qui rassemblait treize peintres parmi lesquels Kickert et ses amis Fred Klein et Koos Hooykaas qui voisinaient avec des tenants de l’art abstrait tels que César Domela ou le surréaliste F. Boers. Dans un court texte d’introduction, le président de cette association regrettait l’absence involontaire d’artistes de la nouvelle génération et particulièrement de Karel Appel, l’un des créateurs du défunt mouvement Cobra.
- A l’exposition dite "XXXVIII° salon Berruyer" qui se tint à Bourges du 22 juin au 7 juillet 1963, Conrad envoya deux œuvres "
l’Ile Verte"
(17) et "
le Porche de Saint-Macé"
(18).
- La même année il envoya au musée de Grenoble "
Les Rochers roses"
(19) pour l’exposition d’été intitulée "Albert Gleizes et Tempête dans les salons 1910-1914".
- En 1964, il fournit la même toile pour illustrer l’exposition que Waldemar George appela : "les Aspects méconnus du Cubisme"
(20). Louable tentative de remise en ordre d’une période de l’histoire de l’art déformée par l’à-peu-près et l’anecdote.
(1) : "Autoportrait" 1951 Opus 51-03.
(2) : "Ariadne" 1944 (97 x 130 cm) Opus 44-05.
(3) : "Portrait d'une hindoue" 1951 (100 x 81 cm) Opus A.51-35.
(4) : "Ondine" 1948 (105 x 151 cm) Opus 48-01.
(5) : "Portrait de J. Greshoff" 1955 (81 x 73 cm) Opus 55-24.(6) : "Quiberon" 1938 (97 x 130 cm) Opus 38-01.
(7) : "La Gageure" 1946 (97 x 195 cm) Opus C.46-08.
(8) : "L'Hommage à la femme" 1946 (162 x 130 cm) Opus 46-14.
(9) : "L'Inconnue" 1946 (81 x 65 cm) Opus 46-16.
(10) : "CK en 1957" (92 x 73 cm) Opus 57-13.(11) : "Intra muros" 1960 (100 x 81 cm) Opus 60-15.
(12) : "Le Divan rose" 1962 (195 x 97 cm) Opus 62-04.
(13) : "Nature morte au chaudron de cuivre" 1964 (73 x 92 cm) Opus C.64-18.
(14) : "Tulipes au nu" 1964 (89 x 146 cm) Opus 64-11.
(15) : Cf. supra, année 1921, p. 123 ; et année 1944, pp. 432-433.(16) : Figurant au catalogue sous n° 138 "La Plage" et n° 138 bis "Nature morte" avec une proposition de prix identique pour chacune : 150.000 F.
(17) : "L'Ile Verte" 1956 (73 x 92 cm) Opus 56-11.
(18) : "Le Porche de Saint-Macé" 1955 (81 x 65 cm) Opus 55-07.
(19) : "Les Rochers roses" 1913 (60 x 73 cm) Opus 13-01.
(20) : Du 10 juin au 10 juillet à la Galerie de l’Institut, 6 rue de Seine, Paris.
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