IV - Aux Pays-Bas pendant la guerre > En 1915, une autre exposition du MKK
Ce fut l’objet d’une seconde exposition qui s’ouvrit au même endroit,
le 3 décembre, tout juste un mois après la fin de la première. Elle
présentait d’abord trente œuvres provenant de cinq invités : J.H.
Fekkes, Emil Filla, A. de Miranda, Kasper Niehaus (peintre et critique
d’art, ami indéfectible de Conrad) et pour clore la liste (établie par
ordre alphabétique comme toujours au MKK) J. Raedeker. La suite de l’exposition était consacrée aux membres du MKK. Cinq d’entre eux y participèrent : Petrus Alma avec 7 œuvres (1) ; ten Holt avec 3 œuvres (2) ; Mattheus Lau avec 7 œuvres (3) ; Jan Toorop avec 4 œuvres (4) ; J.G. Weyand avec 9 œuvres (5).
Le catalogue donnait, pour chaque peintre, la liste des œuvres
présentées sur une page et sur celle d’en face, la reproduction de
l’une d’elles.
L’absence de Sluyters et de Gestel, conséquence directe de leur
exclusion, celles de Le Fauconnier et de Mondrian qui peuvent provenir
indirectement de la même cause, pèsent lourd sur cette seconde
exposition du MKK 1915. A
défaut de ceux-ci, Kickert avait occupé une bonne surface de cimaise en
exposant lui-même seize œuvres et, sous un seul numéro, les six
eaux-fortes de Ploumanac’h (6).
Cela ne compensait pas l’absence des autres, ni celle d’un invité
d’honneur. Conrad était le mieux placé pour le savoir, lui qui avait
soutenu Sluyters par sa plume de critique d’art, Le Fauconnier par
l’achat de ses principaux tableaux et Mondrian en l’ayant fait
découvrir par ses articles, en achetant aussi de ses œuvres et en
l’hébergeant dans son propre atelier à Paris en 1912.
Comme aux expositions précédentes du MKK,
des œuvres pouvaient être acquises et les amateurs éventuels étaient
avertis au début du catalogue qu’ils pouvaient obtenir dans un bureau
situé dans l’entrée, tous les renseignements utiles à ce sujet,
l’essentiel étant évidemment les prix de vente. Aucun relevé des ventes
effectuées par cette source, ne nous est parvenu. Mais on relève dans
le "carnet noir" de Conrad, que "la Voile noire" (7), qui figure au catalogue du MKK 1915 sous le n° 47, est entrée dans la collection Plasznick, un amateur d’Amsterdam, et qu’un paysage représentant "Une ferme sous l’abri d’un arbre" (8) de 1915, qui correspond soit au n° 48, soit au n° 50 du même catalogue, a été achetée par M. Polak, de Wassenaar.
Pour accroître l’intérêt des visiteurs, Kickert avait accueilli, dans
des vitrines, des pièces de céramique chinoise appartenant à la
collection de A. Vecht, un antiquaire réputé, installé sur le Rokin à
Amsterdam. Sous les numéros 78 à 96 du catalogue, on pouvait examiner
"des blancs de Chine", des biscuits, des "émaillés sur biscuit", et
sept pièces de la "famille verte", tous objets des dynasties Ming ou
Chang-Ming dont le moindre valait probablement plus cher que n’importe
laquelle des toiles exposées. Trois pages supplémentaires signalaient
un ébéniste, un fabricant de couleurs fines, un installateur
d’éclairages et de projecteurs qui étaient établis dans le voisinage. A
la dernière page, les Editions du cercle de l’art moderne
annonçaient que l’album de six eaux-fortes de Ploumanac’h pouvait être
acquis sur place. Kickert essayait donc de tirer le meilleur parti
possible de cette exposition, en incitant les visiteurs à acheter des
toiles ou des objets, une attitude justifiée par les lourdes dépenses
qu’il avait prises en charge, mais qui cadrait mal avec son tempérament.
(1) : 4 natures mortes, 2 portraits, 1 esquisse.
(2) : 3 compositions religieuses.
(3) : 1 composition, 3 paysages, 2 études, 1 dessin.
(4) : 3 compositions, 1 marine.
(5) : 1 composition, 3 portraits, 1 paysage, 3 dessins, 1 esquisse pour "la Descente de Croix".
(6) : 5 natures mortes, 5 paysages, 1 marine, 1 esquisse, 4 dessins et les 6 eaux-fortes de Ploumanac’h.
(7) : "La Voile noire" 1914 (81 x 100 cm) Opus A.14-11.
(8) : "Ferme sous l'abri d'un arbre" 1915 Opus A.15-04.