IV - Aux Pays-Bas pendant la guerre > Réaction de ses collègues
Disons un mot de l’attitude d’autres membres du MKK.
Lissmann, de nationalité allemande, bénéficiait de la confiance de
Kickert qui correspondait avec lui avant 1914. Il s’effaça de lui-même
en raison de la guerre et disparut, en tête du catalogue MKK 1915, de la liste des sociétaires où il était inscrit en 1913.
Louis Schelfhout n’y figure pas non plus, ayant volontairement rompu
toute relation avec Kickert. Sollicité par ce dernier, le 2 mars 1915,
de siéger comme délégué du MKK au Comité de soutien des beaux-arts néerlandais, il répondit le surlendemain (1) "…mon temps est trop pris par la préparation de différentes expositions et comme membre de différents comités", il mit les points sur les i au paragraphe suivant : "D’autre
part, je vous fais savoir, en ce qui concerne votre deuxième écrit, que
je suis suffisamment représenté par les trois tableaux que j’ai envoyés
à l’Exposition générale nationale au Stedelijk Museum. En plus, en ce
moment, je n’ai pas assez d’œuvres chez moi, car justement le 7 mars,
une très importante exposition de mes œuvres s’ouvre à Arnhem où je
présente une soixantaine de tableaux. Avec ma considération, Lodewijk
Schelfhout". Ces refus s'appuyaient sur des prétextes. Dans
l'année 1915, Schelfhout ne bénéficia d'aucune exposition à Arnhem et
ne figura pas davantage à une Exposition générale nationale au Stedelijk Museum.
En revanche, il est indiqué cette année-là comme participant dans ce
même musée, à une exposition de groupe Moderne Kunstkring. Pourtant
aucune mesure juridique n’avait été prise pour remplacer le Moderne Kunstkring
créé par Kickert en 1910, ni pour lui succéder. Ce qui se
comprend : cette dénomination valait d’être utilisée à condition
de laisser croire que c’était encore et toujours le MKK d'origine qui survivait. On signale d’ailleurs la présence de Schelfhout au Stedelijk Museum, de 1919 jusqu’en 1922, sans interruption, à toutes les expositions d’un soi-disant Moderne Kunstkring, dénomination décidément bien flatteuse.
Mondrian fit également sécession en 1915 sans y mettre de hargne. Il écrivit à son ami van Assendelft (2) : "En
novembre j’expose quelques œuvres et espère en avoir encore deux de
prêtes. J’expose avec Schelfhout, Sluyters et Gestel, mais je reste en
dehors de toute association. Le MKK est démoli par l’intransigeance de
Kickert".
Le Fauconnier, cette même année, avait participé à une exposition avec
Sluyters, Gestel etc. Cependant le nom de Le Fauconnier subsiste en fin
d’année 1915 dans la liste des membres du MKK imprimée
en tête du catalogue d'une seconde exposition ouverte par Kickert le 3
décembre. Or il n’y avait envoyé aucune œuvre. Conrad fut accusé de
trouver bon chez le Français Le Fauconnier, ce qu’il avait condamné
chez les autres, et, pour cela se trouva taxé de parti pris et même de
mauvaise foi.
(1) : Lettre manuscrite datée : Hilversum, le 4 mars 1915 (archives Gard-Kickert).
(2) : Cité par Judith Wesseling dans sa thèse (université d’Utrecht, 1995).